De la culture de masse à l'American way of life : un parcours américain

 

  Dans les années ‘60, la guitare électrique se vendait déjà à des milliers d’exemplaires par an. Cependant, son succès est fruit d’un long procès social qui commence aux États-Unis dans la première moitié du XXème siècle : la consommation de masse. Néanmoins, cette société est à son tour dérivée d’un autre phénomène social : la culture de masse. Les industries musicales profitent de cela pour se développer. Tout d’abord dans l’enregistrement, puis dans la diffusion en utilisant de plus en plus la guitare électrique. Ce procès, qu’on analysera, fut cependant très long.

  La culture de masse désigne une forme de culture liée à la société contemporaine. Elle apparaît notamment dans la deuxième moitié du XIXème siècle aux États-Unis, mais aussi en Europe. Il s'agit d'une forme de culture destinée au plus grand nombre, et ayant une forte influence autant économique que politique. De nouveaux acteurs apparaissent ainsi dans la société: ce sont les médias. Les premiers médias étaient la presse et la radio; plus tard, la télévision est apparue, et aujourd’hui, un nouveau média s’impose : Internet.

  À la fin du XIXème siècle, la diffusion de l’information s’est effectuée grâce aux facteurs suivants :

  • La révolution industrielle en Europe et aux États-Unis qui a fait que le pays soit beaucoup mieux communiqué qu’avant: les chemins de fer permettaient un transport rapide dans presque tout le pays (420 000 km de chemins de fer aux États-Unis et 40 000 km en France en 1913). L’imprimerie devient plus sophistiquée et l’information se répand plus rapidement grâce au télégraphe. Puis il y a les apparitions successives de l’enregistrement sonore, le cinéma, la radio, etc.
  • La diffusion de l’information qui a aussi été possible grâce à l’élargissement du public alphabétisé, avec les avancées en matière d'accès à l'école qu'a connues le XIXème siècle (lois Ferry en France par exemple): aux États-Unis, seulement 20% de la population en 1870 était analphabète. Les journaux  ont ainsi gagné de nouveaux lecteurs.
  • La liberté de presse dans les pays démocratiques comme la France, les États-Unis ou l’Angleterre mais aussi dans les pays aux régimes non-démocratiques mais où s’est aussi développée la presse malgré un contrôle et même la censure comme en Allemagne.

 

 

 

L’enjeu n’est cependant pas seulement de communiquer au plus grand nombre de gens possible. Comme l’aura dit Laswell, la règle de la sociologie des mass medias est “Qui dit à qui avec quel effet”. Le premier “qui” concerne les médias (sources émettrices) et le deuxième désigne le public, la population ciblée. L’information est donc diffusée à grande échelle avec des buts concrets et différents. On l’observera bien dans la partie  II. D, en parlant de la culture des jeunes.

 
 
 

 L’information cependant ne doit pas être complexe, elle doit rester dans le cadre de la P.P.C.C (Plus Petite Commune Culture, le concept de Jean Baudrillard). C’est un corpus de références, de savoirs, de réactions à certaines actions et de signaux intellectuels de mode que l’on nomme “culture de masse”. C’es
t en effet une culture médiatisée, très symbolique et non didactique que possède la société. Elle n’invite pas à la réflexion mais plutôt à provoquer une réaction du récepteur: l'émetteur stimule la PPCC du récepteur afin de provoquer une réaction chez celui-ci. C’est pour cela qu'apparaît la communication à travers l’image: la visualisation transmet un message plus rapidement et plus effectivement que le texte: images de propagande, de publicité, etc.

 

  On pourra l’observer par exemple dans les affiches de concerts : on cherche à provoquer l’effet visuel avec cette affiche de la Belle Époque en France par exemple.

 

 

 

 


   La culture de masse est cependant parfois confondue avec la consommation de masse. Or, la culture de masse n’existe pas seulement dans les régimes démocratiques mais aussi dans les régimes totalitaires. C’est ainsi qu’on se retrouve avec le phénomène de propagande dans les dictatures : les régimes nazi, fasciste, soviétique et biens d’autres utilisent les médias. On sait bien que le but de ces régimes n’est pas d’enseigner à la population mais à la maintenir sous contrôle en provoquant des réactions conformes au régime et à l’idéologie politique.

 


  Aux États-Unis, comme dans d’autres états libéraux plus tard comme le Royaume-Uni ou la France, la société de masse aboutit à la société de consommation. Le matraquage de publicités est partout: les entreprises se mettent au marketing pour vendre leurs produits, les médias bombardent la société avec de l’information inutile dans le but de stimuler constamment la PPCC du citoyen lambda. C’est donc ainsi qu’aparaît la mode à grande échelle: les mouvements et les bouleversements de la société sont donc parfois articulés par les médias.
 
     
  Dans une société de culture de masse, on ne cherche pas à divulguer du savoir mais à chercher un effet sur le l
ecteur: provoquer une réaction, faire agir le consommateur en contrôlant leur mouvement. Rappelez-vous des toutes premières publicités de Coca Cola: l’image d’une jolie femme qui boit un verre de Coca Cola et le slogan de l’entreprise “Delicious and Refreshing” (Délicieux et Rafraîchissant).   
 

 

 
 
 

  L’industrie musicale en profite pour lancer sa propre stratégie publicitaire: des affiches sont distribuées partout, des programmes de radio, télévision plus tard, revues, etc. La musique commence ainsi petit à petit à jouer un rôle de plus en plus important dans la société. Thomas Edison invente le gramophone à la fin du XIXème siècle: cela permet l’enregistrement du son et la vente de disques. C’est l’un des premiers produits de l’industrie musicale : les premiers labels discographiques apparaissent comme la Gramophone Company ou la Decca Records.


    

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Aux États-Unis, la culture de masse, les mouvements de la société, est donc voulu par les entreprises pour... consommer.
  La consommation de masse aux États-Unis n’est pas seulement due à la culture de masse: pendant une longue période commençant au milieu du XIXème siècle, la population des États-Unis n’a cessé de croître passant de 20 millions d’habitants en 1850 à 110 millions en 1925 ! Cette forte croissance démographique était non seulement due à la transition démographique des États-Unis, mais aussi à de grandes vagues d’immigration provenant d’Europe notamment.

  Ainsi, plus de 20 millions d’immigrants se sont installés entre 1870 et 1920.  

Pendant ce temps, l’économie des États-Unis était en plein boom et une croissance de la population tellement forte a permit d’une part à fournir une main d’oeuvre abondante et d’autre part... à consommer. Le marché est grand et unique, et les entreprises en profitent. La consommation devient ainsi le moteur de l’économie américaine.

 
  La consommation de masse a été possible grâce à une politique “fordiste” des entreprises (du nom du célèbre Henry Ford, fondateur de la marque automobile Ford et de son modèle original la Ford T) :
  • à une réduction du temps de travail
  • à une hausse des salaires (salaire minimum aux États-Unis fin XIXème siècle)
  • à une augmentation du niveau de vie en général comme l’hygiène, les conditions de vie, le logement, etc.
  • l’accès au crédit par la plus grande partie de la population

 

  On se retrouve donc dans la situation où une personne de classe moyenne gagne plus d’argent, a plus de temps libre, et vit mieux.

  Ce type de société devient un modèle et sera suivi par les pays européens pendant les Trente Glorieuses: American Way of Life. Après la deuxième guerre mondiale le modèle américain fut étendu dans toute l’Europe grâce à, d’une part, au fait que les États-Unis sont des vainqueurs de guerre et la première puissance économique mondiale (cela montre bien le succès de leur modèle économique) et puis d’autre part, une fois l’Europe reconstruite et leur besoins satisfaits de nouveau, la consommation de masse s’y installe durablement : l’élévation très réelle des revenus dans la plupart des catégories socioprofessionnelles a effectivement permis d’acquérir des biens sans cesse renouvelés.

   Les prix de ces produits  s’abaissaient d’ailleurs au fur et à mesure qu’ils devenaient plus abondants sur le marché. Ce fut le cas des disques, tout d’abord peu nombreux mais qui se sont diffusés rapidement avec l’apparition du gramophone. Au début du XIXème siècle, leur prix a baissé de 10% à 40% aux États-Unis par rapport au PIB du pays

   De cette façon-là, l'industrie musicale gagne de plus en plus de clients et facilite la diffusion de ses produits. Avec une bonne campagne marketing, ils arrivent à vendre leurs produits à un public toujours plus large.