C): Du Jazz au Rock : une plus grande diffusion de la musique
Au XIXème siècle est inventé le phonographe ; appareil qui lit, sur des cylindres ou des disques, une œuvre musicale préenregistrée, et ce avec des procédés purement mécaniques ; dès 1900, le modèle « Le Gaulois » de la société française Pathé, pourra être vendu à crédit, ce qui témoigne de la volonté de démocratisation de ces machines, pour que plus de monde puisse écouter de la musique.
Mais l’innovation la plus importante pour favoriser la diffusion de la musique est une autre. D’abord simple substitut du télégraphe, la TSF (Télégraphie sans fils) est par conséquent très utilisée par les Etats Majors, et s’impose dans les communications des armées dès la Première Guerre mondiale : mais son potentiel de transmission de message à la population est vite découvert, et utilisé. Ce mode de communication est apparu grâce aux inventions de Marconi, Popov, Branly (entre autres), toutes basées sur le travail de Hertz sur les ondes électromagnétiques ; ce sont d’autres inventions qui vont permettre sa démocratisation : d’abord l’invention des lampes à vide (1904, voir section « Amplification ») puis de l’audion ou triode par Lee De Forest en 1906, puis la possibilité de se raccorder aux réseaux électriques pour l’alimentation, vont permettre la fabrication d’appareils de plus en plus petits et moins chers, ce qui fera de la radio un objet phare dans les salons de millions de familles : durant la Seconde Guerre Mondiale, la BBC constitue un vecteur d’informations d’une importance énorme pour les réseaux de résistance, tant est que les postes retrouvés par l’occupant étaient confisqués ou détruits.
D’après les chiffres évoqués par Eric Hobsbawm, ce média, quasiment inconnu en 1918, touchait 10 millions de foyer 10 ans plus tard, 27 au début de la Seconde Guerre Mondiale, et plus de 40 en 1950. Pendant ce temps, les guitaristes de jazz commencent à entrevoir les limites de la guitare acoustique : les groupes comptent de plus en plus de musiciens, jouant notamment des cuivres, ce qui masque complètement le jeu de l’instrument à six cordes. Les quelques tentatives faites pour augmenter la puissance de cet instrument se soldent par des échecs ; quant à mettre un micro devant la guitare, le son produit est de fiable qualité, car le micro capte également le bruit de fond des autres musiciens, et supprime certaines fréquences basses, au profit des notes les plus aigües. Tout semble indiquer que la guitare ne va pas survivre à l’expansion internationale du jazz.
En 1931, une société américaine, Rickenbacker , propose sur le marché des guitares hawaïennes ( ou ukulélé) dont la forme caractéristique leur vaudra le surnom de Frying Pan (« poêle à frire ») ; mais leur caractéristique plus importante est celle de posséder un électroaimant dont le champ magnétique, perturbé par celui de chaque corde, crée un courant induit dont la fréquence sera la même que celle de vibration de la corde.
Néanmoins, l’aimant utilisé est un aimant en fer a cheval placé au dessus des cordes, ce qui gène le musicien : Gibson, grand fabricant de guitares de l’époque, réagit avec l’ES-150 en 1936 : cette guitare est la première guitare à être vendue à large échelle, et elle compte comme meilleure promotion le fait que
Charlie Christian, jeune guitariste en vogue, la joue ; il laissera son nom à au micro à deux aimants perpendiculaires utilisé par Gibson, encore trop encombrants : ils ont quand même l’avantage d’être positionnés dans la caisse de résonance, ce qui ne gêne pas le jeu, mais s’il captent le son avec beaucoup de qualité, il en va de même pour les bruitsparasites. La vrai révolution apparaitra après la guerre : en 1950 Fender lance la Telecaster, en 51, la première basse électrique (la contrebasse avait des problèmes similaires à ceux de la guitare), suivie en 54 de la Stratocaster : tous ces modèles vont utiliser tôt outard , des micros en alliage AlNiCo(aluminium nickel cobalt) pour plus de miniaturisation et de puissance.
Bref, la guitare électrique vient de révolutionner un univers, donnant à cet instrument un protagonisme qu’il n’avait jamais eu, pour le plus grand plaisir de millions d’auditeurs, qui découvrent les mélodies du rock’n roll, cette musique endiablée qui fascine les jeunes américains.
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